On va aborder aujourd'hui un sujet un peu épineux pour moi, et je ne sais pas si vous aurez déjà connu ce questionnement abordé sous cet angle : c'est que je suis spéciale dans ma tête...
(ClkerFreeVectorImages, Pixabay)
Je me suis toujours dit que j'aurais des enfants, que c'était quelque chose que je voudrais vivre un jour. J'aurais envie de trouver l'homme de ma vie et de créer un ou deux mélange(s) de lui et moi (c'est magique quand même !). J'aurais envie de connaître moi aussi cette joie que de nombreuses mamans décrivent comme surpassant tout ce qu'elles ont connu.
J'aurais envie de ne pas les avoir trop tard, pour ne pas avoir un écart générationnel trop important et pouvoir être proche d'eux ; pas trop tôt non plus pour profiter quelques années tranquilou et être sûre d'avoir construit des bases solides avec le futur papa.
En gros, c'était dans "l'agenda imaginé de ma vie" : prévu pour la mi-fin de la vingtaine, au pire début trentaine (et j'ai 28 ans hein.. hm).
Mais bizaremment, quand je me projetais quelques années voire décennies en avant, j'oubliais toujours de les ajouter au tableau... J'imaginais les voyages : à deux ; j'imaginais les sorties dans la nature : à deux ; j'imaginais les réveils enlacés dans notre nid bien à nous : à deux ; vieillir avec mon homme : rien que nous deux...
Oops! J'ai comme oublié un ou deux "détails" !! Bizarre... devrais-je croire à un acte manqué cérébral, un lapsus inconscient révélateur ? Mais non voyons, j'ai toujours dit que j'aurais des enfants, alors il suffit de les ajouter au tableau, voyons voir...
Ah mais voyager c'est carrément plus compliqué et moins romantique tout à coup ; faut peut-être oublier les aventures dans la jungle, voire l'idée complète pendant les premières années ? Les sorties dans la nature faudra pas que ça soit trop long, puis faudra s'arrêter pour admirer les cailloux (moi et la géologie, ça n'a jamais collé), et pas compter croiser la grande faune avec le mioche qui aura alerté toute la vallée de notre présence à peine sorti de la voiture ?! Les réveils tout doux avec le petit déj' au lit sur les coups de 10h c'est pas un peu compromis avec des drôles qui se réveillent aux aurores et viennent te sauter sur le lit en braillant ?? En vieillissant il faudra encore accorder du temps à la famille, enfants, petits enfants ? Gloups !
En plus, les enfants, quand j'en croise ça ne m'attendrit pas, j'ai même qu'une trouille c'est qu'ils se mettent à faire un méga caprice quand je les croise au supermarché, déjà qu'il y en a un à l'autre bout du magasin qu'on entend d'ici... Toutes ces responsabilités en plus, ce stress, ce temps à accorder... Je n'ai jamais fait de baby-sitting, je n'en ai pas cotôyé des enfants, ou si peu ; je ne sais jamais trop quoi leur dire, comment leur parler pour me faire comprendre sans leur donner l'impression de les prendre de haut, comment jouer... Mais c'est pas mon truc du tout en fait ?!
(PublicDomainPictures, Pixabay)
Vous comprendrez d'autant mieux mon dilemme si je vous dis que mon homme a toujours voulu des enfants (et pas à ma façon, faut voir ses yeux pétiller quoi !) et qu'il a 9 ans de plus que moi (et accessoirement attendre d'avoir 45 ou 50 ans ça lui dit trop rien et moi non plus). Pourtant j'ai pas l'impression que ce soit la pression sociale qui fasse que j'ai toujours pensé que j'aurais des enfants ; vraiment j'ai cru qu'un jour j'en aurais envie et puis c'est tout. Alors j'en veux ou j'en veux pas ? Internet mon ami, il se passe quoi dans ma tête au juste ?!
J'ai cherché partout des explications, des témoignages... Je n'ai trouvé que des anti-enfants sûres de leur choix et des pro-enfants déjà à fond même lorsqu'elles ne sont pas encore enceintes (quand c'est pas dès 12 ans). Entre deux ? pas possible mon colonnel, faut être un merlan pour avoir l'esprit aussi tordu. Je lisais alors ces témoignages : entre celles qui sont touchées par la grâce à la seule idée d'être mamans, et celles pour qui ce serait l'horreur absolue. Et je me suis davantage retrouvée dans le camps de ces dernières...
Comme je prône la communication à tout va, j'en ai parlé à l'homme et... je lui ai fait peur et l'ai rendu triste. J'avais beau dire que j'étais avant tout paumée, il comprenait bien, aussi, qu'il n'était pas question de me forcer si en fait ça ne me faisait pas envie. Mais j'avais bien conscience de le priver d'un de ses rêves les plus chers, pas de doute là-dessus. On en a plus parlé pendant des mois, et alors que j'étais encore indécise sur la question, je crois qu'il essayait de plus en plus de se faire à l'idée qu'il lui fallait faire une croix dessus.
(Seoul-Traveler, Pixabay)
Au cours d'une énième recherche, j'ai enfin trouvé un forum avec quelques personnes qui partageaient mon conflit intérieur (houra, je ne suis pas folle !!). Ca y parlait sans se juger, ça ressassait les points négatifs d'avoir des enfants, et puis aussi ça rappelait qu'il ne fallait pas faire des enfants juste pour répondre à la pression sociale, parce que ça partait mal dans ces cas-là quand même... Bref, ça m'avançait pas trop, même si au moins je ne me sentais plus aussi seule. Au fil des pages, il y a eu des mots, de déjà-mamans et d'indécises-comme-moi, qui ont fait tilt. Pas tilt : miracle mon horloge biologique existe bel et bien, "chéri fais-moi un bébé !!" ; juste tilt : "ah ben ouais en même temps..."
- Trouver les enfants des autres pénibles, c'est normal, et ça continue même souvent alors qu'on a les siens.
- Quand on est le témoin d'un caprice en plein magasin, on est pas le témoin du câlin à la maison agrémenté de petits mots tout doux pour dire qu'on s'aime. Et puis quand bien même, on retiendra plus facilement qu'un gamin a été insupportable plutôt que les moments où ça aura été un ange. Il fait des câlins à ses proches, pas aux passants (puis entre nous je préfère !), par contre sa voix suraigüe on en "profite" sans problème, forcément ça n'envoie pas du rêve.
- Après tout, il est relativement normal de ne pas encore aimer quelqu'un qu'on a pas encore rencontré. Alléluia, ben oui ça semble évident ! Mais rien que ça, c'est énorme de se le dire, pour déculpabiliser de ne pas être toute émoustillée à l'idée de tomber enceinte.
- Finalement même si certains le pensent de manière fugace par moments, il y a bien peu de parents qui regrettent d'avoir eu leur(s) enfant(s). En revanche, regretter de ne pas avoir fait d'enfant une fois ménopausée, c'est balo ; et peut-être (je dis bien peut-être !) qu'il y a plus de chances d'avoir des regrets dans ce sens.
Loin de moi l'idée d'aller tenir ce genre de discours à une femme ou un homme qui est sûr de ne pas en vouloir, tous les choix doivent être respectés. Pour quelqu'un d'un peu entre deux eaux comme moi en revanche ? Je crois que ce sont des petites choses à garder à l'esprit.
Alors voilà, je veux des enfants, mais je ne ressens pas l'envie. C'est comme ça que je décris mon cas. Dans les dernières pages du forum en question, quelques-unes avaient sauté le pas de tomber enceinte sans avoir ressenti l'envie ; elles sont revenues en ligne une dizaine de mois plus tard raconter comme elles étaient comblées. Ca peut peut-être sembler osé de faire un bébé sans en avoir envie, et peut-être que c'est la société qui nous y pousse un peu aussi, en tout cas...
Il y a à peine quelques semaines, j'ai fait retirer mon DIU :)
Petit être issu de notre amour avec ton futur papa : c'est vrai, je ne te connais pas alors je ne suis pas encore attachée à toi, mais je ne doute pas un instant que ça viendra... et que pour le coup je n'en reviendrai pas !
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