La phase de désespérance, au moment où je ne l'attendais pas
[Ohlala… bonjour l’absence ! Je suis vraiment désolée, j’ai pourtant beaucoup de choses à vous raconter, vous vous doutez bien !! Le bilan du 3è trimestre, le récit de la naissance de ma fille, et tant d’autres choses sur lesquelles j’ai envie d’échanger avec vous... Je ne vais pas tout de suite procéder par ordre chronologique pour le coup, parce que le sujet du jour m’accapare vraiment l’esprit depuis des semaines et c’est ce dont j’ai le plus besoin de parler, j’espère que vous ne m’en voudrez pas ! Je prévois de vous raconter le reste très bientôt, mais “accoucher” de cet article n’a pas été facile, je reprenais souvent le brouillon quand j’étais au plus bas et je n’arrivais pas à le finaliser...]
En cours de préparation à la naissance avec ma sage-femme, j'avais révisé cette notion qui avait déjà été pas mal abordée dans mes lectures : la phase de désespérance. Il arrive un moment dans l'accouchement où la douleur est telle, la fatigue du travail de plusieurs heures aidant, où on pense juste qu'on va mourir... On pense sincèrement qu'on y arrivera pas, on s'excuse peut-être même auprès du futur papa, mais on croit être au bout. Et effectivement cela signifie qu'on y est : il ne reste que l'expulsion, c'est le signe que la naissance à proprement parler est arrivée.
Cette phase, je ne l'ai pas reconnue lors de mon accouchement. C’était dur oui, très dur même. Mais à aucun moment je n'ai cru mourir, ou même que je n'y arriverais pas.
Non, ce sentiment d'atteindre un désespoir profond m'est apparu ensuite : en m'occupant de ma fille (oui c'est terrible à dire, et déjà rien que de le penser). Et ce, dès les premiers jours.
Je crois même que c'est arrivé dans les premières 24h, alors qu'elle venait de finir de prendre le sein, que sa couche était propre et qu'elle était dans mes bras : en train de pleurer. Au moment où j'ai voulu lui apporter du réconfort supplémentaire en la berçant, la caressant et lui parlant, elle a hurlé de plus belle ; et lorsque, croisant mon regard, le sien a pris un air tout ce qu'il y a de plus terrorisé… à ce moment-là, clairement, je me suis sentie absolument minable et j'ai pensé que JAMAIS je n’y arriverais. J'ai fondu en larmes.
Peut-être que certains commencent à y voir le fameux baby blues avec la chute d'hormones. Mais comment ne pas se sentir anéantie quand notre enfant a de telles réactions face à notre bonne volonté ? Je ne crois pas que mon coeur arrivera un jour à ne plus se serrer en pareilles circonstances.
Il y a aussi eu ces tentatives de peau à peau avortées. Après la tétée, une sieste serait bonne pour nous deux, je la mets en couche et la prends contre moi... Elle a hurlé pendant au moins 30 minutes (je vous laisse imaginer comme c'est long...) avant que je ne capitule, de nouveau en larmes de me sentir ainsi rejetée. On a beau savoir que ce n'est pas du rejet de la part de notre bébé, ça y ressemble tellement sur le moment qu'il est impossible d'y rester insensible, on est humain et on a des sentiments après tout. Des peau à peau, on en a fait que deux à la maternité et un à la maison au cours des trois premières semaines. Peut-être était-ce trop peu. J’ai tellement pris l'habitude de l’habiller d'un de ses pyjamas chaque jour en pensant qu’il ne fallait pas qu’elle attrape froid que je ne pensais pas assez au peau à peau pourtant paraît-il très important pour l'attachement parent-enfant (et ça tient plus chaud qu’un pyjama d’ailleurs !). Et je le reconnais, j'aime beaucoup sentir son tout petit corps tout chaud et tout doux lové contre moi… A nouveau bercée par mon pouls et ma respiration, avec un contact chaud et vivant directement contre elle, il est évident qu'elle devrait aimer ça. Mais à chaque fois que j’ai réessayé par la suite elle hurlait et se tortillait sans fin. Le désespoir m’envahissait de nouveau.
Lors des cours de préparation, la sage-femme nous avait prévenus qu’on aurait parfois envie de la faire passer par la fenêtre, que c’était normal et que ça arrivait à tout le monde. Sur le moment, après avoir vaguement pensé que jamais ça ne m’arriverait (haha…), j’avais accepté l’idée que ça pourrait arriver quand elle me pousserait vraiment à bout. Jamais je n’aurais cru que les jours où cette envie ne me traverse pas l’esprit seraient si rares. J’en arrive là presque tous les jours, plusieurs fois par jour. Je ne crois pas avoir passé une semaine entière sans pleurer une seule fois depuis sa naissance. Pour moi il ne s’agit pas de baby blues, ni de dépression post-partum, ce sont des moments où rien ne calme les pleurs de ma fille, et l’impuissance mène à la colère et au désespoir. Et puis ça passe.
Pourtant je n’ai pas cessé de rappeler à son Papa qu’on a de la chance pour le rassurer, et moi aussi par la même occasion : elle ne semble pas avoir de coliques, ni faire de RGO. Elle pleure pour un peu de reflux parfois qui n’arrive pas à remonter et la gêne, parfois on ne sait vraiment pas pourquoi et c’est sûrement ça le plus dur. Quand on sait ce qui se passe, on peut réagir et l’aider, si on ne peut rien faire au moins on sait ce qu’elle a et on peut la soutenir. Mais quand on ne sait même pas, c’est tout bonnement destructeur à vivre. Certains disent que les tout petits ont besoin de pleurer pour se décharger émotionnellement de toutes les découvertes de la journée, ce n’est pas vraiment une raison à laquelle se raccrocher quand notre enfant hurle depuis 2h et qu’il est minuit passé…
Le premier mois a été le plus dur : les sourires de Bébé ne sont que des réflexes, souvent alors qu’elle s’endort après une tétée. Ils étaient mignons ses sourires, mais ils ne nous étaient pas vraiment destinés. Ensuite, les premiers sourires volontaires, donc les premières vraies interactions, sont arrivés. Ca met du baume au coeur pour mieux supporter les pleurs, c'est sûr.
Reste que je n’aurais pas cru ressentir un désespoir si profond et si souvent, le Papa non plus d’ailleurs !
Avis aux Mamans, vous les avez vécus comme ça aussi les pleurs des premiers mois ?
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